CHEMA MADOZ
5 JUIN – 24 JUILLET 1999
CHEMA MADOZ
5 JUIN – 24 JUILLET 1999
ARTISTE
CHEMA MADOZ
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GALERIE VU’
Hôtel Paul Delaroche,
58 rue Saint-Lazare
75009 Paris
Tel : +33 1 53 01 85 85
Métro : Ligne 12, Trinité – d’Estienne d’Orves
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CHEMA MADOZ
Apparemment Chema Madoz photographie des objets. Mais il s’agit là d’une de ces tromperies dont la photographie est coutumière et dont ce madrilène qui manie l’humour avec une sérénité teintée de surréalisme n’hésite pas à mettre en abîme les capacités à nous illusionner.
Alors qu’elles se présentent comme de somptueuses natures mortes, parfaitement éclairées, servies par des tirages raffinés, les images de Chema Madoz sont des pièges du regard. Des mises en scène qui nous rendent d’autant plus crédules qu’elles sont impossibles, de petits contes philosophiques qui se donnent à décrypter sans prétention, des histoires de rêves, de souvenirs, de tendresse, de sentiments. Et une mise en questionnement non seulement du vrai et du faux, du vraisemblable et du coq à l’âne, du jeu de mots visuels et du petit délire ordinaire, du détournement de fonction et de la production de sens, bref un petit jeu raffiné qui ne se prend jamais au tragique pour nous interroger sur le monde dans lequel nous vivons.
Il suffit que nous constations que le reflet d’une échelle dans un miroir ne se poursuit pas au delà de son encadrement, que la fêlure d’un coquetier se prolonge sur l’œuf qu’il supporte, qu’un sentier se dessine dans la moquette, qu’un insecte se retrouve prisonnier dans le sablier, qu’une page de livre soit remplacée par un miroir, ou que l’intérieur d’une enveloppe soit tapissée d’une mappemonde pour que nous nous prenions à rêver, à douter, à partager le plaisir des yeux et celui de la poésie.
5 JUIN – 24 JUILLET 1999
Chema Madoz sans aucun spectaculaire est un de ces redoutables perturbateurs qui nous obligent à douter de tout et à envisager que les objets les plus usuels soient doués d’étranges pouvoirs. Ce faisant, il instaure la certitude que la photographie n’est pas capable d’objectivité mais qu’elle nous a amené, par convention, à lui accorder un crédit qui lui permet de se jouer de nous.
Dans un monde qui installe davantage de plaisirs visuels que de certitudes, les objets du monde, transformés par la double malice du photographe et de l’image argentique, nous apprennent au moins à savoir que Chema Madoz, contrairement aux apparences, ne photographie pas des objets mais des idées.
Christian Caujolle