JEAN-MARC TINGAUD – 1991-1999 URGENCES
13 NOVEMBRE 1999 – 15 JANVIER 2000
JEAN-MARC TINGAUD – 1991-1999 URGENCES
13 NOVEMBRE 1999 – 15 JANVIER 2000
ARTISTE
JEAN-MARC TINGAUD
INFORMATIONS PRATIQUES
GALERIE VU’
Hôtel Paul Delaroche,
58 rue Saint-Lazare
75009 Paris
Tel : +33 1 53 01 85 85
Métro : Ligne 12, Trinité – d’Estienne d’Orves
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JEAN-MARC TINGAUD – 1991-1999 URGENCES
Jean-Marc Tingaud nous a habitués à une lecture de murs qui, généralement, n’ont pas la parole. Ou qui semblent ne pas l’avoir. Visiteur respectueux et discret tout autant qu’implacable, d’espaces qu’il approche avec humilité, il nous a habitué à décrypter ce que des « intérieurs » peuvent révéler, autre manière de portrait, de ceux qui les habitent et les ont, souvent sans calcul, organisés ou décorés.
Par cette approche des signes « ordinaires », signes que nous ne remarquons donc pas, il a construit, lui qui est un grand voyageur enraciné dans son terroir du Morvan, une pratique du portrait indirect qui se nourrit de la vibration de la lumière sur les couleurs, du cadrage producteur de sens sur l’espace intime et de son dialogue, égotiste, avec des espaces de vie dont il recueille avec pudeur des enjeux insoupçonnés.
On aurait pu, parfois, penser que cette quête du signe signifiant qui l’a jadis mené de Zagreb à Naples et de Paris à des destinations exotiques, relevait d’abord d’une recherche esthétique. On avait pu cependant, voir que ses impeccables compositions étaient hantées par une temporalité, celle à la fois de la perte et de l’émerveillement enfantin, qui dépassait largement le savoir faire et la démonstration d’une attention de chaque instant.
13 NOVEMBRE 1999 – 15 JANVIER 2000
Les deux séries, de Berlin et de Palestine, qui constituent l’actuelle exposition obéissent aux mêmes règles mais les radicalisent, leur donnent une gravité nouvelle avec, souvent, des chromatismes moins séduisants et peut-être plus profonds. C’est qu’il y a eu urgence. Urgence à recueillir ce qu’étaient capables de dire, juste après la chute du mur, les cloisons d’appartements de Berlin Est, confrontées à celles de l’Ouest, juste avant qu’elles ne changent vers un rêve de « modernité » qui pourrait bien se révéler trompeuse. Urgence à enregistrer ou, plus justement, à mettre en forme la façon dont les murs blancs d’une Palestine qui a tant de mal à exister renvoient l’histoire individuelle d’une famille aux enjeux de l’Histoire.
Dans ces deux nouvelles séries, le temps a légèrement changé de nature. L’Histoire s’est imposée comme une évidence qui met en jeu les destins individuels. C’est peut-être pour cela que l’on trouve, sur tant de murs, des photographies qui, dans un monde hanté par les valises du départ imminent et du drame possible, installent le souvenir fragile des êtres aimés, des images aimées, des icônes adorées.
Urgence de l’histoire, certes, mais urgence d’ici, tout près de nous aussi, quand trois photographies, prises à Dijon, dans ce que l’on a précisément baptisé « cité d’urgence » montrent comment les murs accueillent la détresse des exclus, en France, en 1999.
Christian Caujolle