Dans une évidente filiation avec la photographie qu’elle représente et soutient depuis sa création, la Galerie VU’ propose pour la première fois en France une exposition de la photographe suédoise Monika Macdonald.
Fidèle à notre vocation d’exploration des scènes photographiques internationales et de découverte de nouveaux talents, nous avons décidé de donner à voir l’œuvre incarnée et engagée d’une auteure découverte lors des lectures de portfolios des Rencontres d’Arles 2015. Elle a depuis présenté une grande exposition à Fotografiska (Stockholm) et publié un ouvrage aux éditions Kehrer.
Monika Macdonald a choisi de photographier des mères qui n’intègrent pas les schémas familiaux traditionnels et refusent d’être définies comme des représentantes de la féminité. Loin des figures imposées, madones ou pècheresses, elle évoluent dans un statut indécidable, puisqu’affranchies des règles sociales normées par leur statut de mère. Elles vivent donc en absence de définitions, là où les anciens modèles ont éclatés et les nouveaux restent à construire.
La série n’a pas de vocation documentaire, l’auteur ne cherche ni réponses ni informations sur le passé de ces femmes. Dénuées de tout jugement – qu’il soit jugement de valeurs ou jugement moral – ou condescendance, les images se saisissent de la liberté, des doutes et de la vulnérabilité de celles qui s’émancipent en cherchant leur place, leur rôle, leur identité dans une quête existentielle inépuisée.

Si la série aborde d’évidence la question du féminin et des problématiques féministes, il ne faudrait pas la confiner à ces seuls enjeux. D’une nuisette en soie froissée aux vestiges d’un repas, des regards pénétrants en enlacements, de rues désertes en moments de désœuvrement, In Absence est le lieu d’une expression photographique bouleversante qui semble pénétrer au-delà de la surface des choses, et livre ce qui d’ordinaire ne peut être vu. D’une grande intensité picturale, ces images aux couleurs sourdes ou chatoyantes produisent pour qui les regarde un sentiment fébrile, oscillant entre pudeur, fascination et inexplicable obscénité.
Dans ses photographies épaisses, lourdes d’âmes et de chairs, habitées de force et de vulnérabilité, Monika Macdonald insuffle un érotisme inusité en photographie qui provoque une vision de l’intériorité plus qu’il ne suscite le fantasme. Elles invitent à observer des instants d’abandon comme d’introspection où les femmes, lointaines et pourtant concrètes, sont saisies dans leur quotidien comme sujets désirants plutôt qu’objets de désir.