Pour cette exposition, la Galerie VU’ rassemble des photographies issues de trois ensembles réalisés par Yves Trémorin : Les paysages celtiques (1990), La dérivée mexicaine (2009), et Viking (2013).

Yves Trémorin consacre une partie de son travail à l’exploration de la persistance et de la résurgence des mythes ancestraux dans le monde contemporain, qu’ils soient issus de civilisations lointaines ou proches. La juxtaposition de ses trois ensembles épiques fait saillir des invariants et des équivalences que l’on retrouve d’une culture à l’autre.

En 1990, Les paysages celtiques répondent à une invitation du Conseil Général des Côtes-d’Armor à rendre compte du patrimoine du département. Yves Trémorin se plonge alors, à travers les mégalithes et les vieilles pierres, dans la mythologie de ses racines bretonnes. Alors que jusqu’ici il s’était approché au plus près de l’intimité des corps, ce projet est une gageure que le photographe ne manque pas de relever dans sa quête de représentation du réel.

Dans cette approche incarnée des grandes questions métaphysiques, suivront Arizona en 1993 , Figures et Blasons en 2005 et en 2009 La dérivée mexicaine. Cette grande série est le fruit d’une invitation en résidence de deux mois de l’Alliance Française de Mexico. Les photographies sont réalisées en studio, au flash, avec la frontalité sans concession à laquelle l’auteur nous a habitués. Il y transcrit, sous une forme que l’on pourrait qualifier d’inventaire, une histoire du Mexique depuis son origine à sa contemporanéité, des précolombiens, Aztèques et Mayas à la révolution et au-delà.

Il s’engage ensuite dans une remontée métaphorique de la Seine à l’invitation du Pôle Image de Rouen, en portant sur le paysage un regard empreint de la mythologique nordique. Comment partir à la recherche des traces des Vikings en Normandie quand ils n’en ont pas laissées ? Il monte une expédition et réalise la série Viking, guidé par l’Edda poétique (collecte des mythes nordiques).

Par l’affleurement du passé dans le contemporain et le photographique, les images de ces trois séries suscitent les vertiges de différents temps superposés visibles simultanément. Un des enjeux de cette approche est de rejoindre, en tant que pur plasticien, une voie que l’on pourrait qualifier de documentaire par le contenu de chaque image, chacune renvoyant à des faits historiques ou mythologiques précis dans différentes temporalité, chargée de plusieurs strates de références qui glissent et échappent à première vue. Aussi, ces photographies condensent des formes de télescopages spatio-temporels, qui en plus de la forte impression ressentie physiquement, stimule intellectuellement celui qui les regarde.