De la série « Vikings », 2012-2013
Tirage Lambda, différents formats du 60 x 50 cm au 140 x 105 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires
YVES TRéMORIN
Après des études supérieures de mathématiques en analyse numérique, Yves Trémorin décide de se consacrer à la photographie. Dès le début des années 1980, avec les premières photographies qu’il réalise de sa compagne Monique ou avec l’ensemble « Cette femme-là » il pose ses principaux axes de travail.
En 1984, il rencontre Florence Chevallier et Jean-Claude Bélégou aux Rencontres d’Arles. Ils formeront de 1986 à 1991 le groupe Noir Limite. Le groupe, revendiquant un travail sur les limites du photographiable, présente des performances, des expositions (dont certaines, comme Corps à corps, feront à ce point scandale qu’elles seront censurées) et publie plusieurs manifestes.
Avec une précision d’entomologiste dressant une collection d’objets d’étude, Yves Trémorin développe depuis les années 1980 une œuvre rigoureuse dans ses procédures et ses procédés, utilisant le médium photographique dans sa spécificité propre, isolant ses sujets sur un mode fragmentaire. Mis en scène dans un dispositif paramétré, extraits de tout indice contextuel, spatial ou temporel, affranchis de toute anecdote, ils deviennent, dans ses images d’un extrême dépouillement, autant d’emblèmes, de figures mythologiques ou d’objets symboliques (La dérivée mexicaine, Vikings). Dans son œuvre affleure souvent le paradoxe de ses procédures rigoureuses, de sa distance parfaitement maîtrisée, de ses images précises, parfois presque chirurgicales, de sa recherche d’objectivité et de frontalité qui viennent souvent se mêler souvent à l’intime et à la sphère familiale.
La chambre close, 1989
La série La chambre close fait partie des projets réalisés par Yves Trémorin alors qu’il faisait partie du collectif rennais Noir Limite. Depuis plus de 40 ans, il n’a eu de cesse de photographier sa compagne Monique. Cadrage serré, lumière crue du flash sur la peau, rapport âpre et subversif à la chair, le photographe met en place et expérimente les procédures d’une photographie radicale et rigoureuse qu’il développera durant sa carrière.
À ce sujet il dit : « Elle ne se prête pas au jeu de la pose de manière naïve puisqu’elle en comprend les enjeux et elle s’y abandonne totalement. Le décor est simplifié au maximum pour s’abstraire du quotidien. Une séance est un univers à part, dans un lieu qui nous appartient, celui des Amants. Monique et moi n’aimons pas les filles des magazines, n’aimons pas les clichés, n’aimons pas la superficialité. Son exigence dépasse parfois la mienne, son regard aiguisé ne se laisse pas abuser par l’artifice mais elle n’intervient jamais dans la mise en scène de l’image, elle comprend intuitivement et se place naturellement, magie des corps en présence. Elle, moi, la photographie : Nous. »
Épreuve argentique vintage réalisée par l’auteur, format 40 x 30 cm, signée au dos au crayon
Épreuve argentique vintage réalisée par l’auteur, format 40 x 30 cm, signée au dos au crayon
Épreuve argentique vintage réalisée par l’auteur, format 40 x 30 cm, signée au dos au crayon
Les amants magnifiques, 1989
« La série Les amants magnifiques fait figure d’exception dans le travail de l’artiste. S’il a souvent pris ses proches pour sujets, il les a scrutés en évacuant de la sphère de l’intime tout investissement subjectif ou affectif.
Dans cet ensemble de quatorze photographies réalisé en 1989, il en va de l’amour, de l’Eros, et d’une action soudain devenue sentimentale et charnelle. Un couple enlacé — le photographe et sa femme — évolue les yeux mi-clos. Les images ne contiennent que l’espace de leurs corps emmêlés, lourds de chair et pourtant célestes, puisque le regard en plongé les bascule, sens-dessus dessous, bouleversant les lois de l’apesanteur. Elles font écho à l’iconographie des immaculées conceptions et des vierges extatiques. C’est bien d’extase qu’il s’agit : les amants sont en état de grâce, hors du monde, imprégnés d’eux-même, orgastiques et achroniques. L’ensemble donne un sentiment vertigineux de flux et de reflux convulsif où les amants semblent sans cesse se perdre et se rejoindre, naufragés engloutis dans l’image. »
Caroline Bénichou
Épreuve argentique réalisée par Guillaume Geneste, format 90 x 60 cm. Édition limitée de 5 exemplaires + 2 AP
Épreuve argentique réalisée par Guillaume Geneste, format 90 x 60 cm. Édition limitée de 5 exemplaires + 2 AP
Épreuve argentique réalisée par Guillaume Geneste, format 90 x 60 cm. Édition limitée de 5 exemplaires + 2 AP
Monica, 1991
« Je ne me suis jamais lassé d’enregistrer les effets de la lumière sur son visage depuis le premier jour. Cette fois encore je ressens le besoin, l’urgence de faire une nouvelle série mais différemment, en reprenant des points de vue anciens avec la rigueur de travail acquise depuis. Je sors du studio, Monique est maquillée, je la veux illuminée par le soleil d’été dans des poses d’abandon. Les codes sont proches de la photographie de magazine, le défi étant de me les approprier. Le flash est toujours là mais utilisé d’une manière moins agressive, une façon de porter le visage loin de tout dans un univers de grâce. Je pense à Bergman, à Un été avec Monika, ce moment de liberté totale. Je pense aux photos des grandes actrices italiennes. D’où le changement de syllabe finale pour nommer la série, Monique devenant Monica. Cet ensemble est une échappée des deux amants vers un monde où chaque instant est un moment de grâce mais pourtant la matérialité du corps est encore là et témoigne d’une présence bien réelle. J’ai souvent regardé le cinéma en photographe plus souvent attentif aux plans qu’à leur enchaînement et cela a contribué à mon apprentissage visuel, sans forcément en être conscient avant cette série. »
Yves Trémorin, in Monica, éditions Lamaidonne.
Épreuve argentique vintage réalisée par l’auteur, format 60 x 50 cm.
Épreuve argentique vintage réalisée par l’auteur, format 60 x 50 cm.
Épreuve argentique vintage réalisée par l’auteur, format 60 x 50 cm.
Natures mortes, 1993
Pour la série Natures mortes, Yves Trémorin s’est imprégné durant plusieurs mois du monde de sa cuisine. Mais dans les images, le quotidien est transfiguré. L’aliment est récurent. Souvent associé aux objets, il rappelle, comme une vanité, que nous sommes faits de chair, putrescibles et mortels, que le temps vient en quelque sorte nous digérer. […] L’aliment est aussi ce résidu minuscule de nourriture agrippé à la dent d’une fourchette, cette petite impureté qui matérialise une tension. En référence à la fameuse « inquiétante étrangeté » de Sigmund Freud, reprise par les Surréalistes, Yves Trémorin confie que « les choses sont à la fois extrêmement familières, on les connaît parfaitement— une cafetière, des fourchettes —, mais en se déplaçant un peu, en les regardant plus longtemps, une autre vision apparaît. Faire émerger quelque chose de la surface a priori connue des choses par la focalisation sur un point et par la diffusion de ce point, tel est le sens de sa démarche.
Tirage Lambda chromogène d’après ektachrome, format 60 x 60 cm.
Édition limitée de 10 exemplaires
Tirage Lambda chromogène d’après ektachrome, format 60 x 60 cm.
Édition limitée de 10 exemplaires
Tirage Lambda chromogène d’après ektachrome, format 60 x 60 cm.
Édition limitée de 10 exemplaires
SOLEILs NOIRs, 2009
Ces clichés ont été réalisés en juin 2009 avec le microscope électronique de l’IUT de Mesures Physiques de Bourges dirigé par Jean-Pierre Martin en réponse à une sollicitation de Stéphane Doré, directeur de l’École nationale des Beaux-Arts de Bourges.
« Ce que nous voyons apparaît en noir et blanc. Ce que nous voyons, soigneusement tiré et encadré, l’artiste ne l’a pas vu, du moins pas strictement sous cette forme, avant l’opération de capture d’image : le sujet enfermé dans la chambre à vide, minuscule… Et cependant, ce que nous voyons ne relève pas de la pure construction technologique : cela existe bien dans le réel ; ce sont pour la plupart des insectes, coléoptères, abeilles, mouches, papillons, moustiques… Plus exactement, des fragments de corps, un bout d’aile, un dard, les poils autour de l’œil. Ce sont des fragments et pourtant les images d’Yves Trémorin ne sont pas à considérer comme des synecdoques (ces figures de rhétorique qui disent le tout par la partie) car ici, chaque réalité visuelle ainsi obtenue revendique sa totale autonomie : une image est toujours une image totale, son hors-champ étant à verser au dossier de l’imaginaire. […] L’opération consiste ici à ramener des images destinées à des usages scientifiques dans le champ esthétique sous l’apparence et les conventions de la photographie. Et si elles sont tirées avec tant de soin, c’est moins dans le but d’obtenir l’émotion forcément factice émanant d’un réel manipulé que ce que l’artiste nomme lui-même l’émotion physique du papier. »
Jean-Marc Huitorel, Rennes, novembre 2011.
Tirage Lambda chromogène, format 80 x 60 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires + 2AP
Tirage Lambda chromogène, format 80 x 60 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires + 2AP
Tirage Lambda chromogène, format 80 x 60 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires + 2AP
Tirage Lambda chromogène, format 80 x 60 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires + 2AP
LA DÉRIVÉE MEXICAINE, 2009
« Pour composer La Dérivée mexicaine, le photographe part en quête de figures et d’objets symboliques. Il fréquente le marché aux sorcières de Mexico, les boutiques et les salles d’entraînement. Armé de son lexique de symboles et de lectures, il compose à son tour un dialecte avec le fruit de ses collectes. La plupart du temps, le photographe convie ses modèles – hommes et femmes, animaux et plantes, bibelots et masques – dans son studio de prise de vue. Parfois, il se déplace et déploie un fond, aidé de ses assistants. Un éclairage pondéré constistue une sorte de base lumineuse qui lui permet de disposer le modèle. Une fois la pose choisie, le flash fige et révèle le modèle, sur un fond souvent obscur ou d’une couleur accordée au sujet. Mais l’effet est toujours identique : les visages, les silhouettes, les textures et les expressions semblent surgir du néant dans un calme étrange. À cet effet, qui constitue un protocole stable, s’ajoutent les signes, les références et les allusions qui gouvernent tout langage, toute culture.
Mais comment expliquer cette majoration visuelle d’une opération a priori très neutre – une opération de reproduction? […] Parce que s’y joue le fait social décrit par Walter Benjamin, dans L’œuvre d’art à l’ère de la reproductibilité technique, mais surtout, à l’inverse du messianisme pessimiste du philosophe, parce que la reproduction est un mode de réenchantement. »
Michel Poivert extrait de La Dérivée mexicaine, 2011, édition Loco, Paris.
Tirage Lambda chromogène réalisé sous la supervision de l’artiste.
Édition de 5 exemplaires + 2 AP
Tirage Lambda chromogène réalisé sous la supervision de l’artiste.
Édition de 5 exemplaires + 2 AP
Tirage Lambda chromogène réalisé sous la supervision de l’artiste.
Édition de 5 exemplaires + 2 AP
vikings, 2012-2013
Le projet s’est construit en réponse à une invitation de la Mission photographie du Pôle Image de Haute-Normandie.
Le travail a débuté au printemps 2012 et s’est poursuivi les mois suivant, les prises de vues étant faites en plusieurs sessions de durées variables pour s’achever à l’été 2013.
Parmi les images rapportées, on découvre des paysages maritimes, fluviaux, l’eau sous différents états (glace, liquide, vapeur). Des rochers sur la plage deviennent des crânes fossilisés, échos de rapines lointaines. Les paysages de forêt renvoient, eux, aux légendes nordiques de la fondation du monde. Ailleurs on découvre les traces présumées d’un ancien camp viking, emplacement pour une vingtaine de drakkars. Certains paysages industriels évoquent les représentations romantiques du Ragnarok au XIXè siècle. D’autres comme les ruines de l’abbaye de Jumièges ou la façade brûlée font ressentir un état de danger, danger permanent à l’époque des raids réguliers. Et quand la neige recouvre le sol, c’est l’hiver scandinave.
Les figures représentées invoquent des dieux, décrits dans l’Edda poétique, réinvestis dans l’imagerie du XIXe siècle : autoportrait de l’artiste, en Odin, the wanderer, portrait du commanditaire en Hodr, le guerrier aveugle. On croise Thor jeune, Thor en marié, Freya, Freyr, Tyr… On croise des paysannes, des moines malades, des vieilles au mauvais œil.
Les images d’animaux elles aussi renvoient à la mythologie : Sleipnir, le cheval à 8 pattes, Loki transformé en saumon, le sanglier Saehrimnir dévoré chaque soir par les guerriers au Valhalla et ressuscité le lendemain pour le nouveau banquet, un chat de Freya, le terrible loup Fenrir, Hugin et Munin (la pensée et la mémoire) les corbeaux qui chaque matin partent au loin pour ramener le soir, les nouvelles du monde à l’artiste et aux spectateurs de cette saga contemporaine.
Tirage Lambda chromogène, différents formats du 60 x 50 cm au 140 x 105 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires + 2 AP
Tirage Lambda chromogène, différents formats du 60 x 50 cm au 140 x 105 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires + 2 AP
Tirage Lambda chromogène, différents formats du 60 x 50 cm au 140 x 105 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires + 2 AP
Mystic garden, 2014-2015
« Après une expédition décalée, une épopée photographique d’ampleur sur les Vikings tout le long de la Seine en 2012 et 2013, j’ai effectué un repli monastique dans le clos de ma maison malouine.
C’est au printemps 2014 que je suis descendu au jardin photographier l’hortensia grimpant en fleurs, pour l’envoyer à Monique. Dans ce moment de concentration où l’air pénétrait profondément dans mes poumons, j’ai fait corps avec mon jardin, j’ai ressenti le monde physiquement à travers ces arbres que j’ai plantés, ces fleurs que j’ai semées. L’expérience a été si intense que j’ai répété cet instant privilégié régulièrement jusqu’au printemps suivant pour parcourir un cycle de saisons.
C’était un temps de méditation avec la Photographie, en Photographie. J’observais les effets de la lumière sur la végétation pour transcrire picturalement et numériquement en images très construites ces sensations. Des portraits de fleurs méticuleusement mis en scène, où je manipulais le réel pour y intégrer mes figures personnelles et mythiques dans un univers suspendu. »
Yves Trémorin
Tirage pigmentaire sur papier baryté, format 90 x 60 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires +2 AP
Tirage pigmentaire sur papier baryté, format 90 x 60 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires +2 AP
Tirage pigmentaire sur papier baryté, format 90 x 60 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires +2 AP
EVA, 2019
La série de photographies EVA (Extra Vehicular Activity) a été réalisée lors d’une résidence artistique poursuivie entre 2017 et 2018 à La Capsule au Bourget.
« Avec un œil qui perce au-delà de l’objectif, Yves Trémorin nous installe face à la réalité, souvent froide, de ces appareils sans lesquels nous n’aurions pas tenté bien des appareillages, bien des sorties hors de notre véhicule charnel ou terrestre, bien des EVA.
L’artifice est souvent évident, mais le simulacre peut être bluffant, comme si nous avions peur de sortir de notre chair, de notre peau, de trop nous éloigner du rivage humain. Nous restons encordés à notre humaine apparence comme l’astronaute qui entreprend le tour de sa station spatiale, engoncé dans sa blanche combinaison : il prend soin d’accrocher un grappin à la justement nommée « ligne de vie ». Trop s’éloigner de la portion de Terre encapsulée et orbitée serait mettre sa vie en danger ; trop s’éloigner des apparences humaines, serait-ce mettre son humanité en danger ? Rien d’étonnant si la main d’acier peut nous effrayer : elle paraît trop forte, trop résistante, trop inoxydable pour éprouver ou, plus exactement, faire éprouver quelque sensation, quelque sentiment, quelque sympathie. Plus effrayants ces doigts recouverts d’un similicuir, d’une simili-peau : sont-ils capables de caresser ? […]
À la question la plus immédiate que suggèrent les photographies d’Yves Trémorin, « où allons-nous ? » et à laquelle le ciel offre la plus enthousiasmante des réponses, ne faut-il pas immédiatement ajouter une autre question : « qui va là ? ». »
Jacques Arnould – Expert éthique et espace au Centre National d’Études Spatiales (CNES)
Cœur embryonnaire de souris modélisé en 3D / laboratoire Imagine – Institut Pasteur de Morphogenèse du Cœur
Tirage Lambda chromogène, format 70 x 47 cm.
Édition limitée de 5 exemplaires +2 AP
Banc d’essai pour le contrôle myo-électrique d’une main et d’un poignet prothétique / Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique
Tirage Lambda chromogène, format 73 x 110 cm. Édition limitée de 5 exemplaires +2 AP
Tête du robot iCub / Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique
Tirage Lambda chromogène, format 110 x 73 cm. Édition limitée de 5 exemplaires +2 AP
Pour toute information complémentaire ou pour prendre rendez-vous :
Caroline Bénichou
benichou@abvent.fr
+33 (0)1 53 01 85 82
&
Adèle Trottin
trottin@abvent.fr
+33 (0)1 53 01 05 14
Nos précédents focus